C'est une affirmation qui revient assez facilement dans le catholiscisme, "Dieu est amour".
Des calamités naturelles aux guerres faites au nom de ce Dieu, l'évidence pousserait à être pour le moins déiste.
Je ne sais pas bien si cette affirmation se prolonge à beaucoup d'autres religions, ou même aux autres variantes chrétiennes.
Plus généralement dans les religions majoritaires, c'est un Dieu tout puissant que l'on craint avant de savoir s'il nous aime. En soi, ça vaudrait un post entier sur cette relation peur/amour.
Mais en fait, les catholiques n'auraient-ils pas entièrement raison sur cet aspect: mon Dieu est amour. Ma relation à Dieu obéit à des règles et une progression psychologique semblable à celles d'un amour à une voie ou l'un aime quelqu'un qui ne l'aime pas.
Je mettrai de côté pour la démonstration ceux qui ne se rendent à l'église et ne suivent ses principes que par pure pression sociale. Peut-être à tort, la difficulté psychologique de voir dérangé un système de valeurs mis en place par une religion totalement insérées dans la société change très surement la donne, même si je soupçonne que ceci ne soit que des considérations monétaires et de pouvoir de la part du clergé.
Ceci posé, continuons.
De mon expérience, et de quelques expériences constatées chez des amis, l'amour "à une voie", ou seul un aime pour poser les choses de manière grossière, semble s'alimenter exclusivement avec l'espoir que ce qu'on cherche, un peu d'amour existe. Scindons un peu ça, point par point et comparons amour et religion.
- On attend toujours un signe, une preuve d'amour de celui qu'on aime, on traque le moindre fait, geste, dire qui donnerait une preuve à cet amour. Même en essayant d'être rationnel et de remettre dans le contexte, on cherche désespéremment, continuellement cette trace. De la même manière, pour un Dieu, on passe son temps à chercher une preuve de son existence: d'une réussite à une épreuve à Bernadette Soubirou. On m'objectera que les marabouts africains parisiens ne font rien de plus et ne parlent pas de Dieu. Pour commencer, je ne sous-estimerais pas la qualité de la christinisation de l'Afrique, et qu'on appelle ça Dieu ou autrement, il s'agit toujours d'un pouvoir que l'on soupçonne et que l'on essait d'influencer. D'où l'importance du signe ou du miracle, aussi ridicule soit-il.
- De la même manière que l'on esssait d'influencer un pouvoir lointain (par des offrandes, des prières, tout ce que l'on veut), de la même manière, on espère "faire changer" celui ou celle qui ne nous aime pas, et que l'on souhaiterait aimer. C'est d'ailleurs un point amusant ou les deux se rejoignent, où l'on implore l'innaccessible de nous donner l'innaccessible.
- Plus aigü et bien plus symptomatique est la manière avec laquelle on va ignorer ce qui peut être dit par son entourage (quand l'entourage essait de calmer cette attitude). Il est totalement inutile de dire à quelqu'un engagé dans cet amour "mais non, il ne t'aime pas, ça ne pourra jamais marcher, passe à autre chose". Si les réactions sont bien plus violentes avec la religion, il n'en reste pas moins que l'un et l'autre se comporte de manière identique au dénis: un refermement sur soi et un rejet de ce qui peut être dit, en dépit de l'évidence.
- On croit toujours qu'il y a quelque chose. Amour pour l'amoureux, Dieu pour la religion.
- Une particularité de cette forme d'amour est la tentative d'explication (qui rejoint d'une manière la recherche de preuves), où l'on va tourner les choses dans tous les sens pour réussir à prouver ce que l'on voudrait prouver. Saint Augustin est pathétique en celà: dans ce qu'il écrit, on voit bien qu'il se rend compte que rien ne tiens, à tel point qu'on se demande s'il est athé, il finit en tentatives désespérées pour rapporter les choses à Dieu et à la doctrine chrétienne.
- Enfin, point le plus important, pour les deux cas, un raisonnement "en spirale" enferme toute possiblité de sortie. La vie se centre sur cet autre, les pensées tournent incessemment sur ce sujet, toute pensée qu'elle soit personnelle ou externe qui pourrait nous faire réfuter nos affirmations est rejetée systématiquement par ce raisonnement en spirale, qui nous enferme sans que nous nous en rendions compte, et ceci parfaite liberté et en toute lucidité.
C'est bien d'ailleurs surement le plus troublant de cette pathologie: toute lucidité est gardée, la réflexion est galopante et des plus créatives.
Maintenant, comment s'en sortir ?
J'ai personnellement vécu ce genre d'épisode.
Le religieux a été le plus simple: mes parents n'ont pas la religion bien poussée, et sortis du stimuli religieux et de la domination de pensée de l'école catholique où on ne mange plus du petit Jésus à tous les repas, on se détache facilement de ces stupidités, même si on en sort pas indemne. L'engagement n'avait pas été si entier.
Pour l'amour à voie unique, c'est probablement pareil, un arrêt de stimulis doit aider. Mais je n'en suis pas certain.
Comme avec la religion, à un moment, cette vérité élusive finit peut-être par se montrer au grand jour et prendre tout son sens. Je ne saurais vraiment dire, je ne sais pas exactement comment je suis sortis ni de l'un, ni de l'autre.
Ce que je trouve surprenant, même si je ne suis pas psychologue de formation, c'est de ne pas avoir rencontré dans la littérature une étude décrivant ce comportement "en spirale" que j'ai difficulté à bien décrire. Freud par exmple le touche du doigt d'une certaine manière avec certains des cas qu'il expose mais, à ma connaissance, ne le décrit pas comme tel de manière isolée.
En conclusion, oui, j'affirme que Dieu est amour, celà ne fait aucun doute.