La crise du mouton folle
Courrier International, en dernière page relatait une nouvelle assez étrange, celle de la crise du mouton folle.
En effet, il semblerait que les moutons aient de facheuses tendances homosexuelles assez marquées. Si le berger traditionnel lui pardonnait ces égarements, l'ingénieur moderne ne peut souffrir de regarder passivement une telle baisse de productivité causée par ce comportement déviant.
Car, et ce n'est pas une mince affaire, 10% des moutons se seraient égarés du droit chemin.
S'en suit en conséquent, une étude du pourquoi de ce comportement, et des prolongements que l'on pourrait en faire sur le reste du vivant.
Objectif qui par nature semble relativement sujet à débordements aisés. Et débordement il semblerait qu'il y eut.
L'article de Courrier International, qui était en fait un résumé de celui paru dans le Sunday Time Britannique était aussi bien plus mesuré dans ses propos.
L'article original promettait dans son sous-titre la découverte d'une nouvelle cure contre l'homosexualité, et qu'à terme, la science fournirait des patchs au mères humaines pour se prémunir d'un enfant homosexuel. Cette "vérité" scientifique étant pseudo démontrée par le journaliste, et donc indéniable, s'en suivait un débat de société sur cette "constatation" et fait avéré. Celà bien sur en conduisant des tests sur des moutons dont la boite cranienne serait ouverte en deux pour pouvoir glisser les électrodes.
Malgré l'aspect douteux des recherches menées par l'équipe américaine, un total démentis des affirmations du journaliste a été apporté par cette équipe. Démentis non publié par le journal bien sur.
Où les électrodes entrent en jeu, c'est qu'une association de protection des animaux est tombé sur ces travaux, et est partis en croisade pour sauver les (dix, vingt) moutons qui finiront en méchouis à la fin des travaux.
Récapitulons plus clairement, dans l'ordre des faits: une équipe américaine cherche à comprendre pourquoi les moutons ont une tendance toute humaine à l'homosexualité, une association de protection des animaux tombe sur ces expérimentations animales et joue sur la fibre "humaine" des aspects de l'homosexualité qui s'ajoute aux tests animals, ce pamphlet est repris par un journaliste britannique publiant un article dans un journal national (même si ça ne semble qu'en être la version en ligne et non la version papier) et nous parle d'un nouveau médicament contre l'homosexualité, mieux, quelque chose qui tient de la thérapie génique et du controle du développement du cerveau pour assurer des nouveaux-nés qui seront intrinsèquement hétérosexuels. Avec, pour la forme, le fourre-tout de tout et son contraire typique de la presse anglo-saxonne appelée populaire.
Alors, bien sur, on peut critiquer ce thème de recherche, l'excès de zèle des associations protectrices des animaux, la mauvaise éthique journalistique...
Mais, ce qui m'inquiète, c'est que les gens avec lesquels j'ai pu discuter de cet article ne semble pas voir, ou peut-être celà leur semble trop évident, ce qui me semble le réel problème, et le réel danger de cet article: comment peut-on être éditeur et proposer à ses lecteurs de tels articles, aujourd'hui ?
Car, même si le lecteur ne croit pas trop à ce qui est énoncé, au meilleur des cas, on est bien dans une situation où l'impression, l'image laissée de l'article est qu'un bon traitement chimique a raison de l'homosexualité. Et même, au-delà de ce thème homosexuel, qui interpelle plus ou moins chacun, on pourrait très bien dire la même chose, aux hasards, des juifs (cerveau prédestiné à l'argent), des communistes (cerveau prédestiné à la destruction du capitale), des tziganes (cerveau destiné au vol). Je dis bien sur ça totalement au hasard, j'aurais pu parler du droit au centres de vacances des handicapés tout autant.
Ca me choque que des idées pareilles soient diffusées si largement, sans réaction. Je dois être vraiment réactionnaire.
(Je vous laisse chercher vous-même vos ressources pour ces articles, je n'ai pas envie de contribuer à l'audience de ce genre d'articles.)