NothingToDeclare

Les étonnements naïfs d'une vie quotidienne

Saturday, September 09, 2006

Le travail de nuit

Habituellement, dans les taxis, vers 4h00 du matinn, l'unique parole que j'ai envie de prononcer au chauffeur, c'est ma destination (par chance, malgré le numéro de département inquiétant, elle ne fait généralement pas trop peur, et j'y suis conduit).

Et là, pour une fois, peut-être parce que la soirée, malgré beaucoup de tentatives héroïques pour en changer l'ambiance, était pathétique, je me suis mis à discuter avec le chauffeur.

Bon, effectivement, j'avais bien sentis qu'il souhaitait parler, ce chauffeur pas sympathique, qui à l'évocation de la destination, semblait aussi enchanté que d'aller se faire pendre. Le fait que la course reste dans la dizaine d'euros a dû suffire.

Alors, forcemment, on a parlé de tout et de rien. Et surtout de pas grand chose; la circulation, les itinéraires bien entendus: parler à un chauffeur de taxis de la problématique des quotas de pêche à la morue n'aurait pas beaucoup de sens, ce dont on ne peut vraiment lui en vouloir, ça n'intéresserait pas non plus un Guillaume Sarkozy, vice président du medef, d'entendre parler du caractère subversif du carnaval de Dunkerque.

Le chauffeur a évoque le travail de nuit. Probablement d'une manière un peu culpabilisante concernant le fait que je ne rentrait clairement pas d'un travail harassant dans l'état où j'étais.
Je n'ai pas pu m'empêche de poser la question bête: mais comment les taxis s'organisent-ils pour le travail de nuit ?

Et la réponse fut intéressante. Si de nombreux métiers sont organisés dans un system de "3x8", les taxis ne le sont pas, ou tout du moins, ne le sont pas nécessairement, c'est à chacun de décider des heures qu'il souhaite effectuer (dans ma mensuétude, je ne l'ai pas interrogé sur le nombre d'heure effective de travail journalier).
Surprenemment, ou presque, considérant le lobby étrangement puissant des taxis, aucun modèle de travail ne semble imposé, chacun travaillant comme bon lui semble. Et, l'organisation par défaut étant de rester à des heures identiques de travail, c'est à dire, un chauffeur de taxi faisant les nuits reste aux nuits, et n'essait de faire le jour.

L'explication donné par le chauffeur est simple: alterner l'un et l'autre, c'est ne plus savoir où on est dans son sommeil: pas question de s'endormir au volant. L'autre explication, bien plus technique, est qu'un chauffeur habitué au nuit est habitué à une circulation fluide, et à un parcours au plus court en distance; mais aussi, qui est habitué à ne pas supporter les bouchons.

Les deux grands axes intéressants qui se dégageaient de la discussion étaient cette habitude de traffic, assimilable à un gain de tranquilité et une habitude, et ce choix d'horaires, assimilés à une habitude et à un équilibre.

Je dois avouer que j'ai toujours été surpris du rythme suivis par les infirmiers et infirmières par exemple alternant indifféremment, avec période de "repos" malgré tout ces périodes de nuit, matinée, journée en alternance. Ca semble contre-intuitif de pouvoir décaler, alterner comme ça, ses périodes de vie éveillée/travail sans conséquence. Ce rythme est tout autant suivis par de nombreux ouvriers effectuant les "3x8" par exemple.

La conclusion de ce chauffeur de taxi, qui, sans avoir eu l'impression de l'influencer, était qu'un rythme régulier de nuit était une solution assez viable m'a conforté dans ma position. Je lui ai tout de même demandé si ça ne le gênait pas dans sa vie courante. Question intéressante, mais un peu trop personnelle apparemment à laquelle il n'a pas souhaité répondre (je me foutais s'il était marié à une femme ou pas, et s'il avait des enfants, ce n'était pas un critère de jugement sur ça personne, mais à priori je n'ai pas réussis à lui faire sentir). Il semblait cependant tout à fait heureux de pouvoir se ballader l'après midi.
En reconnaissant malgré tout qu'un sommeil en journée est plus court et moins complet qu'un sommeil de nuit (mais n'était-ce pas une phrase pour se culpabiliser de ses habitudes non conformistes).

Autant je comprends l'attitude de ce chauffeur, autant je m'interroge sur les motivations, autant je m'interroge sur ce choix habituel de décalage régulier de ces horaires non administratifs.
Le décalage entrainerait-il le décalage nécessairement, un équilibre du genre ne serait pas tenable ?

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