NothingToDeclare

Les étonnements naïfs d'une vie quotidienne

Monday, August 21, 2006

Tags du métro

Ce matin, comme tous les matins, j'ai emprunté la ligne 9 du métro parisien.

Petite surprise à la station Rue de la Pompe, la station est taggée. En soi, rien de bien extraordinaire, les couloirs le sont dans tous les sens, les vitres des rames rayées, jusqu'au lino des voitures passé au marqueur.

Non, là la particularité était qu'un quai de la station était taggé, du sol au plafond, et de l'avant à l'arrière de la station. La surface peinte est tellement grande, qu'on se demande où est la caméra cachée ou le pari imbécile lancé lors d'une émission de télévision. Si l'intérêt artistique peut rapidement se résumer à recouvrir la station d'une couleur plus ou moins uniforme, il y a malgré tout dans l'ensemble ce quelque chose qui fait penser à un expérimenté du happening artistique.

La moitié de la station est entièrement recouverte de peinture, à se demander comment le nombre de bombes nécessaires a pu être discrètement rentré pour être utilisé. Le ou les taggeurs ont dû être retrouvés par terre le matin totalement shootés par les solvants.

Les peintures n'avaient pas grand chose du "discours" habituel des tags, quelques mots incompréhensibles pour le commun des mortels au seins duquel sont mélangées les signatures des autres, mais prenaient plutôt un aspect scénographique.

Un ensemble bleuté, quelques inscriptions, avec des mots lisibles, non stylisés, une harmonie de couleurs agréable, quelques bulles de couleur remontant l'escalier, le tout, malgré sa légerté apparente conjugue le caractère oppressant d'un quai de métro à un happening qui interpelle.

En parenthèse, il y a quelques temps, la station Arts et Métiers, côté ligne 11 avait été copieusement recouverts de grafitis "textuels" hyper colorés. Je me suis surpris à préférer ces graphitis anarchiques d'un intérêt visuel faible à l'existant: ces grafitis, vite enlevés, oeuvre d'art oblige, avaient le malheur de montrer que cette fameuse oeuvre d'art originale était totalement lugubre, et que tout pouvait rendre cette station plus agréable.

Pour "Rue de la Pompe", c'est une station de couleur clair, à dominante blanc dont il s'agit. Bien composées de couleurs gaies, d'inscriptions non agressives, ces peintures avaient quelque chose de dérangeant et surprenant. Un message "Comment ça va ?" au milieu de la station posait très justement une bonne question.

C'est justement ce message qui a retenu mon attention. Le soir même, la RATP avait commencé à remettre la station en état. Et c'est ce mode de remise en état qui est justement curieux.

Traditionnellement, lorsqu'un tag est présent sur une affiche, un employé collera par dessus une bande de papier de couleur neutre. Ce que j'ai trouvé étrange, et sommes toutes un peu inquiétant, c'est que c'est le même travail qui a été effectué sur cette station: bien qu'étant quasi totalement recouverte de peinture, seuls les messages, sans signifaction particulière, autre qu'un bonjour et autres textes sans plus de portée étaient tous recouverts.

Même si, bien sur, pour ce qui est de la liberté d'expression et de la liberté d'affichage, grafiter une station de métro n'est pas l'idée qui devrait venir en premier pour communiquer, je trouve tout de même très dérangeant que la première réaction, la première mesure qui semble être prise soit en priorité de recouvrir tout message présent, aussi futile et innocent soit-il.

Quand la consigne semble être de cacher au plus vite tout message n'étant pas imprimé sur un 4x3, avant même une quelconque remise en état, comment ne pas s'interroger sur l'idéologie latente de cette démarche...

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